En marge, avec Pascale Millot

La nouvelle série En marge est une exclusivité produite par la Fondation nationale du prix du magazine canadien (FNPMC) et qui offre aux anciens lauréats de Prix du magazine canadien une tribune où ils sont invités à exprimer ce que leur prix a signifié pour eux et à nous dire où ils en sont aujourd’hui dans leur carrière. La série « En marge » paraîtra périodiquement dans notre blogue à l’automne 2012. Cette semaine, nous découvrons quoi de neuf avec Pascale Millot, rédactrice en chef adjointe du magazine Québec Science.

FNPMC: Au cours de son histoire, Québec Science a remporté 24 Prix du magazine canadien dont 13 au cours des 7 dernières années, notamment dans des catégories telles que Santé et médecine, Société, Dossiers thématiques et Science, technologie et environnement. Quelle est l’importance pour vous, comme rédactrice en chef adjointe, de voir votre équipe reconnue pour son travail? Et, selon vous, ce succès a-t-il un impact sur vos lecteurs?

Pascale Millot (Photo par Christian Fleury)

Pascale Millot: À la rédaction de Québec Science, nous sommes toujours fiers et heureux de voir le travail de nos journalistes reconnu par des prix aussi prestigieux que ceux de la Fondation des magazines canadiens. D’une part, parce que ces prix soulignent le talent de nos collaborateurs.

Ensuite, ces prix montrent la rigueur et l’originalité du travail qui est fait à Québec Science depuis des années. Vous savez, derrière un reportage se cache un important travail d’équipe.

Bien sûr, le plus grand mérite revient au journaliste qui l’écrit, mais le choix du sujet, la révision, le choix des titres et surtout l’encadrement pendant la recherche et la rédaction sont aussi d’une importance capitale et font souvent la différence entre un reportage «publiable» et une œuvre remarquable.

Quant à nos lecteurs, ils sont toujours impressionnés de voir notre récolte de prix. Je crois que cela renforce notre crédibilité.

FNPMC: L’année dernière, vous avez également remporté un Prix du magazine canadien pour votre article « Quand je serai plus là, qui va s’occuper de mes poissons? ». Ce reportage racontait l’histoire d’enfants qui souffrent de maladies mortelles et traitait de la réalité des soins palliatifs pour les jeunes, au Canada. Comment avez-vous été informée de ce dossier et pourquoi avez-vous décidé de faire enquête à ce sujet?

Pascale Millot: J’aime à répéter que, si j’avais eu plus d’audace et pas d’enfants, j’aurais fait du reportage en zone de guerre. Je pense en effet que les journalistes ont la responsabilité de nous faire découvrir des réalités peu connues et extrêmes.

Je ne fais pas de reportage en zone de conflit, mais je m’efforce tout de même de traiter de sujets extrêmes où des hommes et des femmes sont poussés au bout de leurs limites. C’est le genre de sujets qui me passionne et dont j’ai besoin pour garder mon intérêt dans ce métier.

Parler des enfants qui vont mourir, du don d’organes, de la torture, du suicide, de la maladie mentale et de toutes ces situations où l’être humain est poussé au bout de lui-même est ma manière à moi de faire du reportage extrême. En ce qui concerne ce sujet précis des soins palliatifs pédiatriques, j’ai été frappée de constater à quel point la mort, et particulièrement la mort des enfants, est taboue dans notre société.

D’ailleurs, beaucoup de gens autour de moi ne comprenaient pas pourquoi je me penchais sur un tel sujet, comme si c’était trop triste pour en parler. Mais c’est justement pour cela qu’il faut en parler.

FNPMC: Cette année, Québec Science célèbre son 50e anniversaire. Qu’avez-vous fait pour souligner cet anniversaire et quels sont les objectifs futurs du magazine?

Pascale Millot: C’est un gros anniversaire! 50 ans pour un magazine au Québec, c’est une incroyable longévité. D’autant plus qu’il s’agit du seul magazine de science destiné au grand public au Canada.

Pour souligner cette grande année, nous avons produit un numéro spécial qui présente les 50 grands défis de la recherche scientifique. Notre rédacteur en chef, Raymond Lemieux, a également publié un livre, Il était une fois Québec Science (Éditions MultiMondes), qui raconte l’histoire du magazine, mais aussi de la culture scientifique au Québec. Nous avons aussi repensé complètement notre site Internet et nous avons (enfin!) rendu nos archives accessibles en ligne.

Nos objectifs futurs? Produire de l’information sous forme numérique, mais aussi et surtout continuer à produire des reportages de fond, bien écrits, à même d’informer et de captiver un public non spécialiste. Il est de plus en plus difficile de produire de l’information de qualité, de fouiller des sujets, de prendre le temps de comprendre les différentes facettes d’un dossier.

Le reportage magazine demande du talent, mais aussi du temps et de la rigueur, des valeurs qui sont malheureusement de moins en moins dans l’air du temps.

FNPMC: Merci Pascale!

Découvrir plus à quebecscience.qc.ca. Lire la suite des gagnants du magazine Québec Science dans nos archives.

Prix d’Or, catégorie Société, 2010
Prix d’Or, catégorie Science, technologie et environnement, 2010
Prix d’Argent, catégories Santé et Médecine, et Science, technologie et environnement, 2009

Leave a Reply